Les discours du maire
Bertrand Van Peteghem
Discours du 25 janvier 2024
Chères Soudorguaises et Soudorguais, je suis heureux de vous recevoir aujourd'hui et de vous souhaiter la meilleure nouvelle année possible.
Cela dit, commençons par faire un rapide point sur l'année écoulée.
Tout d'abord, nous avons œuvré pour l'entretien de nos chemins communaux. Profitant du tracteur et de la plaque vibrante dans lesquels nous avons investi en 2022, et mis en service en début 2023, CACES oblige, nos employés communaux sont intervenus sur les chemins des Crémats, de Lacan, de Salindres, pour ne citer que les principaux, car d'autres "petites interventions" ont été effectuées en plusieurs endroits.
Rappelons au passage que la mise en place d'une cuve à Gasoil pour le tracteur nous évite de redescendre sur Lasalle pour faire le plein du camion et de l'utilitaire de la mairie.
Nous avons également investi dans l'entretien des bâtiments communaux, avec le gros chantier de la réfection complète du toit du temple, et le remplacement d'huisseries au Bon Repos et à la Balade Gourmande. L'école n'a pas été oubliée, avec la mise en place de voiles d'ombrage et le remplacement de volets. Merci à Patrick et Gérard pour le suivi de ces chantiers financièrement lourds, et merci à Christine et Patricia pour le suivi de l'école.
Les deux forages du réseau d'eau potable ont été entièrement rénovés. Même si la gestion de ce réseau incombe aujourd'hui à la communauté de communes, l'exploitation nous est intégralement sous-traitée, et nous gardons un fontainier sur place.
Le parking des boules a vu la mise en place d'emplacements précis pour les stocks de sable et autres matériaux, tandis que le parking de la place a vu sa haie sud remplacée par des arbustes mellifères.
Le dossier des Cadenèdes a pu se débloquer dernièrement et nous espérons que les constructions prévues se feront rapidement.
L'urbanisme nécessite un travail quasi permanent, pas forcément pour des constructions neuves, mais le plus souvent en réponse à des notaires pour des opérations de vente. En pratique nous avons validé en 2023 cinq Permis de Construire, six Déclarations Préalables et 20 Certificats d'Urbanisme.
Remercions Gérard pour sa participation efficace.
Les différents baux des propriétés communales ont été remis en conformité avec la réglementation, par Patricia que je remercie.
C'est un sujet délicat, car d'une part il s'agit de finances, et d'autre part les lois évoluent fréquemment et leur répercution n'est pas toujours simple à traiter en "temps réel" pour une petite mairie.
L'année 2023 a été complexe en terme de personnel communal.
Marc est parti en retraite en juin. Sa bonne volonté et ses compétences sur le réseau d'eau font que nous faisons encore régulièrement appel à lui.
Cédric a souhaité partir, ce qu'il a fait fin décembre, il est remplacé par Jean-Paul depuis ce mois de janvier.
Laurent est en arrêt maladie depuis octobre, il est momentanément remplacé au secrétariat par Hermeline.
Heureusement, pas de problème, pas de changement, côté école.
Enfin, les Obligations Légales de Débroussaillement ont pris leur "vitesse de croisière", avec notamment l'intervention de Marc sur le terrain et Pierre pour l'organisation. Le dossier figure pleinement dans notre nouveau site internet, qui a été développé cette année. Merci à Pierre pour ce beau travail, et sa nécessaire continuité.
Maintenant, évoquons rapidement le budget de la commune :
Le montant global prévu pour les dépenses 2023 était de 694 425,01 €,
dont 561 988,72 € de fonctionnement et 132 436,29 € d'investissement,
avec un montant identique pour les recettes, puisqu'un budget est équilibré.
A ce jour le montant total des dépenses enregistrées est de 377 425,52 € de fonctionnement, soit 67,2 %, et 105 078,16 € d'investissement, soit 79,3 %. Cela pour un montant de recettes enregistrées de 384 666,58 € de fonctionnement et 34 596,70 € d'investissement.
Il y a donc des dépenses effectives inférieures au budget prévisionnel, toutefois il y a quand même un déficit global de 63 240,40 €, lié à un manque de recettes d'investissement. Il faudra attendre la clôture des comptes 2023 pour confirmer ces chiffres et parfaire les explications. Cela se fera ce premier trimestre 2024 et nous ferons alors une présentation détaillée des dépenses et recettes.
Que souhaiter pour 2024 ?
Reprenons d'abord le contexte autour de notre village. Bien que le département du Gard soit majoritairement à droite, nos montagnes cévenoles restent pour l'essentiel à gauche. Il en est ainsi pour les villages de notre communauté de communes "Causses-Aigoual-Cévennes Terres Solidaires", mais également pour ceux de la communauté voisine ; le pays Viganais.
Ce que l'on appelle "la ruralité" est notre caractéristique principale, hélas souvent oubliée par une technocratie trop urbaine, voire carrément parisienne. Il est du devoir de nos communautés de nous faire respecter autant que faire se peut.
Au passage le Sénat, bien qu'il soit souvent décrié, nous aide globalement plus que l'assemblée nationale sur ce sujet.
Nos deux Communautés de Communes, Causse-Aigoual-Cévennes et Pays Viganais, participent à un même Pôle d'Equilibre Territorial et Rural, de son petit nom "PETR",
et dans ce cadre il y a la mise en place d'un Schéma de Cohérence Territoriale, de son petit nom "SCoT".
Quelle importance pour nous, me direz-vous ?
Oui, c'est important. Ces outils, en dehors du cadre réglementaire qui les régit, sont là pour anticiper l'avenir de nos villages et définir quelles sont nos priorités, car nous ne sommes pas un village isolé.
Il y a par exemple une prévision de besoin de nouveaux logements sur nos deux communautés de communes, qui monte à 120 logements par an, en moyenne, et cela en exploitant au mieux les habitats existants, même vieillissant.
De même, il y a des prévisions d'évolution des commerces, et, ce qui est retenu, c'est la nécessité de maintenir, voire développer, les petits commerces locaux. Que l'avenir de notre pays soit sombre, ou pas, le maintien de ressources locales est une sécurité, même sans parler d'autarcie.
Nous avons aussi des problèmes pour nous déplacer. En ce qui nous concerne, il est discuté de renforcer la liaison entre Anduze et Saint Hippolyte du Fort, en passant par Lasalle.
Nos territoires sont à la fois agricoles pour une partie, et touristiques pour une autre partie. L'équilibre entre les deux est clairement nécessaire ; la préservation des forêts ne doit pas se faire au détriment des espaces cultivés, ni de l'habitat, et réciproquement.
Ce que l'on appelle l'agropastoralisme, par exemple l'élevage des moutons, est défendu par nos communautés cévenoles.
L'écologie a le vent en poupe et nombre des projets de développement, aujourd'hui proposés, prennent largement en compte cette problématique, mais elle est bien intégrée dans une vision globale du développement Cévenol. Pour vous rassurer si le photovoltaïque devrait se développer, il n'y a pas de projets d'éoliennes.
Par ailleurs, les lois récentes et la réglementation qui suit, poussent les communes à se regrouper. Tout cela pour vous dire que Soudorgues ne peut, en rien, faire abstraction de ces évolutions.
Certains voient la disparition des communes dans un avenir plus ou moins lointain, ce n'est pas encore fait, c'est un choix politique qui nous dépasse largement, car de manière plus globale il est potentiellement lié à un développement de l'Europe avec une disparition des nations telles que nous les connaissons.
Il est donc très important pour nous de participer, au mieux, à notre Communauté de Communes, qui reste très "locale" à l'échelle du pays, et qui sera la mieux placée pour défendre notre ruralité. Ceux qui la dénigre se trompent.
Soudorgues reste néanmoins un village avec une capacité de choix propre, une communauté qui défend ses habitants, tous ses habitants quels que soient les clans auxquels ils appartiennent.
Notre avenir est pour une bonne partie entre nos mains, et il est sûr que l'attentisme, le repli sur soi, le souhait de ne pas évoluer, ne sont pas la meilleure voie pour demain.
C'est pourquoi dans nos projets 2024 il y a un volet "local" ;
l'entretien de nos voiries et bâtiments municipaux, l'administration générale, l'exploitation du réseau d'eau, les "petits" services rendus à la population.
Mais il y a aussi des projets plus importants pour le long terme :
L'urbanisme et l'évolution de nos habitats, avec l'évolution potentielle vers un Plan Local d'Urbanisme.
L'accueil de nouveaux Soudorguais, notamment pour l'école.
Le repérage précis de nos logements pour tous les opérateurs extérieurs, dossier appelé "adressage".
L'évolution de la distribution de l'eau et une réflexion sur l'utilisation et le devenir des sources individuelles.
L'entretien de nos paysages, notamment au travers des Obligations Légales de Débroussaillement.
Nous avons investi de façon à ce que nos employés municipaux puissent prendre en charge l'entretien de nos chemins communaux, pour l'essentiel, et ainsi optimiser le budget consacré. Nous avons actuellement au programme des interventions sur les chemins d'Aiguebonne, du Verdier, de Cabanis, de La Boriette, et cette liste n'est pas close.
Bref, nous avons pour objectif de maintenir en Soudorgues un village "vivant" dans tous les sens du terme. Votre participation, plus ou moins directe, sera essentielle. Nous n'avons, hélas, pas encore les commissions espérées, d'une certaine façon, elles n'attendent que vous.
Ceux qui souhaitent participer à la vie du village sont les bienvenus, toutefois, si la mairie va bien évidemment participer et aider au fonctionnement des commissions, nous n'avons pas la "force de travail" nécessaire pour les animer et les mettre en place, c'est ainsi que notre village peut et doit profiter du temps, des compétences et des initiatives de chacun.
Question détail, nous attendons très prochainement de nouveaux composteurs pour le Bon Repos et la Balade Gourmande. Depuis le 1er janvier le compostage individuel est officiellement obligatoire, toutefois la Communauté de Communes a anticipé depuis longtemps puisque chacun peut, à sa demande, disposer d'un composteur pour 15 €.
La sécurité devant l'école et la mairie va être améliorée par la mise en place d'une "zone 30" et d'équipements ralentisseurs. L'école reste un élément important pour notre village et la mairie continuera à la soutenir et à la financer.
Nous n'avons pas pris le temps de le faire en 2023, mais cette année nous devrions contrôler les fosses septiques des Horts, suite à une pollution bactérienne détectée en bout du ruisseau des Horts.
Profitons aussi de cette réunion pour rappeler à chaque propriétaire les obligations d'élagage qui lui incombe au droit des lignes de télécommunication.
Enfin, terminons en parlant de l'extension du réseau d'eau potable : Une étude préliminaire de faisabilité est en cours, pour savoir dans quelles conditions techniques et financières, de l'eau pourrait être apportée aux habitants des Bousquets.
Je vous remercie pour votre écoute, et nous allons maintenant passer à la deuxième partie de cette réunion, évoquer plus en détail quelques grands sujets et répondre à vos questions.
Discours du 11 novembre 2023
Messieurs les Anciens Combattants et leurs portes drapeaux, Mesdames et Messieurs, Mes chers concitoyens, Chers enfants.
Bonjour et merci d'être là, en mémoire de ces hommes aux noms gravés sur cette stèle.
Sans doute, année après année, reste-t-il utile de rappeler que le 11 novembre 1918, à Rethondes, près de Compiègne, était signé l’armistice mettant fin à la guerre de 14-18.
Sans doute, année après année, reste-t-il utile de rappeler que le 11 novembre commémore la fin d'un conflit des plus meurtriers de l'Histoire de notre monde.
Sans doute, année après année, reste-t-il utile de rappeler que deux décennies à peine plus tard, le conflit de 39-40 fut une nouvelle guerre meurtrière, doublée d'un génocide abject dont les effets se prolongent encore aujourd'hui.
Si le 11 novembre est une vraie fête, car c'est l'arrêt d'une guerre particulièrement meurtrière, n'oublions pas que le traité de Versailles qui a suivi cet armistice, traité signé le 28 juin 1919, fut malheureusement une cause majeure du déclenchement de la guerre de 39-40. Les vainqueurs ne le sont jamais définitivement.
Faut-il aussi redire que la démilitarisation de l'Allemagne, dans une Europe en paix, fut l'un des facteurs qui permit le développement économique de ce pays et son importance dans l'Europe actuelle. Les perdants ne le sont jamais définitivement.
Le monde n'en a toujours pas fini avec les guerres, les situations actuelles en Ukraine et en Israël sont là pour nous le rappeler, et je vais me permettre quelques rappels historiques car le drame des guerres ne peut se comprendre que dans son contexte.
Même si ces guerres nous paraissent plus lointaines que celles du siècle dernier, elles font encore des morts, et des morts, et des morts, et même si ces nouveaux conflits ne nous touchent pas directement, ils ont un effet réel dans nos vies, notamment au travers de notre économie. Si la volonté d'arrêter les guerres est nécessaire, la méthode pour y arriver n'a hélas rien d'évident.
La guerre en Ukraine a commencé par la guerre du Donbass, d'avril 2014 à février 2022, une guerre ukrainienne fratricide faisant près de 15 000 morts et qui a surtout déplacé plus d'un million de personnes. Ce séparatisme intra-ukrainien a entrainé, à partir de février 2022, l'intervention de la Russie et le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne.
Ce conflit, au départ local, s'est mondialisé suite à un réveil de ce qui semble une nouvelle "guerre froide" entre les Etats-Unis et la Russie. L'Europe est quelque part prise en otage dans ce conflit qui oppose l'allier Américain et le voisin Russe, voisin qui, pourtant, avait lui aussi payé le prix fort pour éteindre le conflit de 39-40 et libérer l'Europe de ses vieux démons.
Cette guerre du Donbass a comme l'une de ses origines, l'abrogation par l'Ukraine du Russe comme langue officielle. Ce qui peut sembler une petite cause peut entraîner morts et dévastations si l'on n'y prend pas garde.
Les effets secondaires de cette guerre sont importants. La gestion planétaire des grands flux du commerce en est fortement perturbée, notamment pour les matières premières et énergétiques. Les relations entre nations sont en train de se transformer avec l'aggravation des tensions entre l'est et l'ouest.
La guerre en Israël est hélas ancrée plus loin dans le temps. Il est important de se souvenir de l'histoire de ce pays pour mieux comprendre la situation actuelle. L'état d'Israël a été créé le 14 mai 1948 à la sortie de la seconde guerre mondiale, côté Israélien par David Ben Gourion, sur un territoire couvrant environ 60% de ce que l'on appelait la Palestine Mandataire, c’est-à-dire un territoire issu de l'empire Ottoman et sous mandat britannique depuis le 29 septembre 1923, suite à la conférence de San Remo du 25 avril 1920. Israël n'a pas été créée ex nihilo.
En juin 1967 la guerre des six jours a vu la conquête du Sinaï par Israël, au détriment de l'Egypte, mais ce territoire fut rendu à l'Egypte en 1979, son administration est aujourd'hui compliquée du fait de la main-mise de ce que l'on pourrait appeler un grand-banditisme local, faute de meilleur vocabulaire.
Cette guerre fut aussi la conquête de la bande de Gaza, toujours au détriment de l'Egypte. Territoire qui est passé sous administration Palestinienne depuis 1993, avec un retrait total d'Israël en septembre 2005. Depuis Mai 2005 c'est en pratique le Hamas qui administre la bande de Gaza. Hamas qui est aussi une organisation largement pilotée par l'Iran, principale ressource financière.
Lors de cette guerre des six jours, la Cisjordanie, appelée Judée-Samarie par les Israéliens, a été occupée au détriment de la Jordanie. C'est aujourd'hui un territoire administré par l'Autorité Palestinienne depuis 1995, mais "mité" par de nombreuses colonies israéliennes. Jérusalem-Est a également été annexée par Israël. Jérusalem est alors devenue capitale d'Israël.
Enfin, l'ouest du plateau du Golan a été conquis au détriment de la Syrie. Des colonies israéliennes s'y sont installées, toutefois cette occupation n'est reconnue par personne en dehors des Etats-Unis.
Reprenons donc ; la conférence de San Remo en 1920, c'est à la sortie de la 1ère guerre mondiale, bien avant le génocide juif de 39-40, c'est un mandat britannique, avec déjà comme consigne, de la part de la Société des Nations, de favoriser l'immigration juive.
En pratique, il faudra aussi noter que ce mandat fait suite à la défaite de 14-18, avec la Turquie comme perdante.
La Palestine Mandataire était déjà une difficile source de conflits entre arabes et juifs. Conflit qui remonte à la "nuit des temps" du fait de la cohabitation des deux populations sur le même territoire. En exemple, ce qu'on appelle "la grande révolte arabe", d'octobre 1936 à mars 1939, date d'avant la création de l'état d'Israël, et revendiquait déjà un état arabe sans juifs.
Il y a aussi un autre triste point de vue, triste parce qu'il semble montrer une irréconcilabilité profonde. Ce conflit israëlo-Palestinien est de fait un conflit Israëlo-Arabe qui ne se réduit pas à un simple conflit de territoire, c'est un vrai conflit de civilisation, un conflit entre deux points de vue divergents sur comment doit marcher le monde.
Un exemple de divergence concerne la place de la moitié de l'humanité, les femmes, et leur statut qui est largement diffèrent entre ces deux visions de société. Et ce n'est malheureusement qu'un exemple des divergences.
Alors, en résumé la Palestine est une vieille source de conflit entre religions. Savoir qui doit posséder ce territoire n'a pas de réponse simple qui permette d'éviter cette guerre.
Stigmatiser les uns, ou les autres, ne changera rien à une situation explosive, Ce sont les comportements qui doivent être fermement et sans relâche combattus, pas les peuples. Que nos réflexions sur l'horreur de la 1ère guerre mondiale puisse nous permettre d'y penser, à défaut de nous donner la solution.
Le souvenir de tout cela, la vision historique et sa compréhension, sont des clés pour la paix. Et il reste de la responsabilité des plus anciens de transmettre cette mémoire aux plus jeunes. Continuer d'honorer d'anciens sacrifices guerriers c'est bien, mais la réalité nous montre que c'est loin d'être une réponse complète.
Les conflits mondiaux ne se résolvent malheureusement pas à coups de bons sentiments. Nous sommes, aujourd'hui, rassemblés comme tous les ans, et, surtout, il faudra continuer de le faire, mais soyons lucides, ce n'est pas suffisant.
Notre vision de la société et de son idéal de paix sont bien évidemment une bonne chose, mais n'oublions pas que cette vision n'est pas partagée par le monde entier. Il nous appartient de l'appliquer en premier lieu à notre niveau, car aucun coup de baguette magique ne nous permettra de l'imposer ailleurs.
Les débats sur ces sujets difficiles restent importants, mais si nous pouvons espérer qu'un phénomène de "tâche d'huile", développé sur notre exemple de vie, puisse un jour avoir de l'effet, ne nous leurrons pas, il n'y a guère d'espoir que nous puissions changer le monde à court terme. Soyons simplement les colibris qui apportent leur goutte d'eau à la construction du monde.
Pour finir, c'est avec un plaisir toujours renouvelé que je vois ici nos enfants s'investir dans ce travail de mémoire, avec leur enseignante. Ils nous font l'honneur d'être présents aujourd'hui et ils seront les gardiens de notre paix demain.
Une éducation qui prône le respect de l'autre et la tolérance sous toutes ses formes seront le meilleur élément de vivre ensemble et de paix. Restons persuadés que cette quête d'un monde plus pacifique, moins violent, plus tolérant et plus démocratique, se fait pour le bien de notre humanité.
Que vive notre République; que vive notre France et ses valeurs de Liberté, d'Egalité et de Fraternité, que vive la Paix dans la justice pour tous et le respect de chacun.
Merci de m’avoir écouté.
Discours du 8 mai 2023
Messieurs les Anciens Combattants, Mesdames et Messieurs les élus, Mes chers concitoyens.
Nous honorons une fois de plus la mémoire des millions de morts de la guerre dite de 39-40. Les personnes ayant vécu directement cette période sont de moins en moins nombreuses, c'est pourquoi cette commémoration est importante pour garder en mémoire ces années douloureuses.
Toutefois ne nous leurrons pas, plus que cette simple journée du 8 mai 1945, c'est le contexte de toutes les guerres sur lequel nous devons être amenés à réfléchir. Je ne vous referai donc pas un discours sur l'histoire de cette dernière guerre, du moins dernière guerre sur notre territoire. En effet rappelons que la guerre de 14-18 a succédé à celle, Franco-Prusse, de 1870. Rappelons aussi que le "plus jamais la guerre" largement exprimé suite à la "der des ders" n'a pas empêché le conflit de 39-40. Rappelons que, depuis, de nombreuses guerres plus ou moins proches ont eu lieu, ou sont encore en cours. Rappelons que ces guerres font toutes de nombreux morts.
Dans ce contexte, si le devoir de mémoire reste un vrai devoir, il est important de former nos jeunes générations pour qu'elles aient la capacité d'écoute des autres, de réflexion sur les évènements, et dans le contexte du monde de l'internet, pour qu'elles acquièrent la capacité à analyser les sources et la capacité de savoir diversifier leur écoute, quelles que soient leurs croyances de départ.
Il n'y a donc pas de recette miracle pour empêcher les guerres, toutefois on peut constater que, au moins sur notre propre territoire, le développement de l'école publique est corrélé à une longue période de paix locale. Depuis ce 8 mai 1945 que nous commémorons, ce sont près de 80 ans sans conflit armé "sur place", car il y en a eu à l'extérieur, une durée très longue par rapport à notre histoire. Nous sommes donc en droit de supposer que la "formation des jeunes" et un élément important pour la stabilité de nos sociétés. Il est important que notre cérémonie de ce jour puisse s'insérer dans l'apprentissage de l'histoire et de sa compréhension.
Un autre élément intervient en corrélation avec la paix : La réalité d'une démocratie et la vraie possibilité pour un peuple de s'exprimer et de refuser ce qu'il a compris comme "mauvais", indépendamment de qui gouverne. Sous l'étiquette de parti "Nationalsozialist", c'est en fait une vraie dictature qui s'est mise en place en Allemagne en 1933, à partir de prémisses datant de 1919. En plus d'éléments d'idéologie, les guerres se mettent en place grâce à des organisations de société, en général pilotées par une minorité.
Une question que l'on est en droit de se poser, même si on espère fortement une réponse négative : Y aura-t-il une 3ème guerre mondiale et quels territoires toucherait-elle ? Il n'y a malheureusement aucune réponse définitive, uniquement des éléments de réflexion. Le premier de ces éléments est l'importance qu'a prise ce que l'on peut appeler la "guerre économique". Par exemple ce type de conflit, la guerre économique, perdure d'une façon larvée entre la France et l'Allemagne, mais il semble très heureusement impensable qu'un conflit armé puisse voir le jour dans notre contexte européen. Et autre exemple, malgré le brexit, le même raisonnement s'applique entre la France et la Grande-Bretagne, qui a pourtant été historiquement parlant "l'ennemie héréditaire". Démocraties locales et coopérations respectueuses entre pays restent donc des moteurs de paix majeurs.
Une guerre "mondiale" ne se conçoit que dans un contexte mondial, qu'en est-il aujourd'hui ? Le clivage historique entre USA et Russie soviétique semblait s'être amenuisé avec la fin de la guerre froide, la situation en Ukraine pose néanmoins question. Rappelons que continentalement et historiquement parlant, la Russie est un versant Est de l'Europe. Et l'URSS a été une force majeure dans la défaite allemande de 1945, autant que les USA. Toutefois, encore aujourd'hui, la démocratie nous semble bien peu appliquée en Russie, ce qui justifie l'intervention américaine, mais ne nous faisons pas d'illusion, les dessous économiques ont largement leur poids.
Bien que la notion de "péril jaune" soit ancienne et n'ait plus la même signification aujourd'hui, l'évolution en Asie pourrait être source de "gros problèmes" à moyen terme. Par exemple avec la situation de Taïwan. Ce territoire est le poumon mondial de la technologie, sa "destruction", physique ou fonctionnelle, aurait un impact mondial majeur. Donc, comment l'aspect économique orientera un conflit pour Taïwan est une vraie question sans réponse à ce jour.
Après ces considérations peu optimistes, résumons quoi retenir de cette cérémonie. Ne comptons pas sur notre pays pour dicter quoi que ce soit à Poutine, Xi Jinpig, Biden, ou autres hommes d'importance, ce serait illusoire. Mais comprenons que nous pouvons œuvrer, entre autres, pour le développement de notre école, et plus largement de notre démocratie. C'est notre petit pouvoir à nous pour lutter contre de nouveaux 8 mai.
Merci pour votre écoute.
Discours du 11 novembre 2022
Messieurs les Anciens Combattants et leurs portes drapeaux, Mesdames et Messieurs, Mes chers concitoyens, Chers enfants
Bonjour et merci de votre présence. Rappelons que nous sommes là avant tout pour honorer ces hommes, ces fils, ces époux, tous ces noms gravés ici qui continuent malgré les années de faire écho dans nombre de nos familles. Rappelons à nos jeunes que le 11 novembre 1918, à Rethondes, près de Compiègne, l’armistice, fin de la guerre 14-18, était signé par le maréchal Ferdinand Foch. Ce jour férié du 11 novembre est donc là pour commémorer la fin d'un conflit qui, au début du 20ème siècle, fut l’un des plus meurtriers de l'Histoire de notre monde.
En 4 ans, il mobilisa plus de 65 millions de personnes et fit plus de 10 millions de morts. Célébrer le 11 novembre, c’est en quelque sorte fêter le jour où une guerre sanglante s’est arrêtée. Une guerre si terrible qu'elle fut nommée la "der des ders" tant il semblait impensable que cela pu se reproduire. Hélàs l’horreur recommença deux décennies à peine plus tard avec le conflit de 39-40. Si 14-18 est sortie du vécu pour rentrer dans l’Histoire, le monde n'en a pas fini avec les guerres, la situation actuelle en Ukraine est là pour nous le rappeler. Ainsi, il est encore aujourd'hui de la responsabilité des plus anciens de transmettre cette mémoire aux plus jeunes. Il nous appartient d’entretenir le souvenir et de rappeler les circonstances et les conséquences de cette guerre.
Connaître son histoire est une richesse, indispensable même si elle n'est pas suffisante. Honorer d'anciens sacrifices reste un moyen pour lutter contre de nouveaux et terribles drames, il est en effet plus que jamais nécessaire d’expliquer les mécanismes qui ont transformé des conflits nationalistes locaux en des conflits mondiaux. Rapprocher les peuples ne doit pas être un vœux pieu, ce rassemblement d'aujourd'hui peut sembler de peu d'importance, mais il est néanmoins la preuve d'une volonté d’œuvrer pour la paix, ce qui malheureusement reste un besoin sensible et vécu.
Dans toute guerre il y a des agresseurs et des agressés, toutefois la recherche de la paix ne peut qu'être une volonté commune sans vouloir charger au maximum la barque des uns pour disculper totalement les autres. Peut-être est-il aussi utile de rappeler que ce furent des conflits mondiaux et que nombre de soldats étrangers sont venus nous soutenir au prix de leur vie, de la même façon qu'encore aujourd'hui, des soldats français sont morts pour défendre un idéal de vie dans des pays étrangers.
Je tiens à remercier nos enfants qui se sont investis dans ce travail de mémoire, avec leur enseignante, et qui nous font l'honneur d'être présents aujourd'hui. Ils seront nos gardiens de la paix, il importe de leur faire comprendre que le respect de l'autre et la tolérance sous toutes ses formes seront le meilleur élément de la paix de demain. Soyons aujourd'hui fidèles à la mémoire de ceux dont les noms sont gravés sur ces monuments dits "aux morts", qu'ils deviennent des monuments "à la vie". De façon plus générale, tout ce qui est un recul dans la quête d'un monde plus pacifique, moins violent, plus tolérant et plus démocratique, va à l'encontre de l'Avenir de notre humanité.
Que vive un monde de paix ré-humanisée. Que vive notre République. Que vive notre France et ses valeurs de Liberté, d'Egalité et de Fraternité dans un monde qui est loin de toujours les appliquer. Et que Vive la Paix dans la justice pour tous et le respect de chacun. Merci de m’avoir écouté.
Discours du 8 mai 2022
Messieurs les Anciens Combattants, Mesdames et Messieurs les élus et représentants des corps constitués, Mes chers concitoyens, Mes chers enfants.
Aujourd'hui nous honorons la mémoire de toutes ces femmes et tous ces hommes qui ont fait notre monde d'aujourd'hui. C'était le 8 mai 1945, une douloureuse période de 5 années se terminait. Les noms gravés sur ce monument sont de ceux qui ont permis à cette page de se tourner. Ce furent des dizaines de millions de mort, et le deuil pour la plupart des familles. Des morts qui ont changé notre vieux monde, espérons le, définitivement.
Ne pas les oublier est essentiel pour éviter toute répétition. Même si la guerre n'est plus une expérience directe pour la majorité d'entre nous, souvenons-nous et transmettons la mémoire de ce passé à nos enfants et aux enfants de nos enfants. En ces temps troublés par la situation en Ukraine, rappelons-nous des douleurs du passé pour combattre celles du présent. Faisons de toute victoire d'un pays sur un autre, le partage d'une liberté en développement plutôt que l'aliénation trompeuse d'une nouvelle soumission. N'oublions pas que même si la tolérance est trop souvent difficile, elle reste le meilleur moyen de développer l'humanité au cœur de chacun d'entre nous.
La guerre est toujours une période faite de collaborations et de résistances, hélas plus complexe qu'on ne le voudrait. Mais faisons en sorte que cette connaissance de l'histoire et du passé, nous apprenne à mieux organiser et vivre notre futur. Œuvrons pour une Europe de paix, sans exclusion et sans imposition, sans fermeture définitive à ses voisins. Avec à l'esprit, que le respect de l'autre, et les compromis qui vont avec, sont souvent une voie intéressante. Evitons de faire basculer des patriotismes fiers en des nationalismes destructeurs. Rappelons qu'un génocide se met toujours en place insidieusement, qu'il accompagne trop souvent le cocktail du pouvoir couplé à la haine, et qu'il nous faut rester vigilants quant à l’application de nos valeurs de liberté et d'accueil.
Comme le rappelle la ministre Geneviève DARRIEUSSECQ, " L'Europe demeure le chemin de l'espérance dans le progrès collectif, le chemin du refus du nationalisme et celui d'une fraternité vivace. L'Europe n'est rien sans l'attachement viscéral de la France à la dignité de l'Homme et à ses droits fondamentaux ".
Cette période de vacances scolaire n'a pas permis de faire lire le message de l'Union Française des Associations de Combattants et de victimes de guerre, par l'un de nos jeunes élèves. Soyons néanmoins assurés que ce message n'est pas oublié. Rappelons aussi un souhait fort de l'UFAC : Si aujourd'hui le fanatisme religieux, le terrorisme, le réveil des nationalismes menacent la paix, la sécurité des peuples, la liberté et les droits de l'Homme, que tous nos concitoyens poursuivent le combat en faveur de la Solidarité et de la Paix.
Donc, que vive notre République, notre France et ses valeurs de Liberté, d'Égalité et de Fraternité dans un monde qui trop souvent les bafoue.
Merci pour votre écoute.